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Musique

Interview exclusive, Feu! Chatterton : « Faire quelque chose de nouveau »

Feu! Chatterton est la révélation chanson française de l’année : 5 jeunes garçons qui éblouissent la scène par des textes intelligents et un univers perché.

Feu! Chatterton est l’inclassable révélation de l’année 2015. Adoubé par le Grand Journal ou GQ, il est le groupe à découvrir, par ses textes forts et son interprétation unique. TRENDS periodical a eu l’occasion de discuter avec 3 des 5 garçons dans le vent, qui affolent la chanson française d’un vent de fraicheur nouveau et enjoué.

 

En ce moment les médias ne parlent que de vous, vous êtes le nouvel ovni de la scène française … Comment vous vous sentez en ce moment ?

Arthur : C’est maintenant qu’on s’en rend compte par ce que nous disent les gens. Il y a une grande propagande, des affiches dans le métro, etc … Mais en vrai nous on est sur la route, dans notre petit camion 8 places …

… Vous n’avez pas encore eu le temps de constater l’engouement ?

Clément : Ce sont surtout les gens de nos familles qui nous disent « who ! trop bien !! »

Antoine : Oui c’est plus le retour des autres qui nous fait sentir qu’il y a un truc, alors que nous c’est notre boulot, on fait de plus en plus de concerts dans des salles de plus en plus grandes, mais c’est vraiment quelque chose qui se fait progressivement. On bosse tellement tout le temps qu’on a pas beaucoup de recul.

Clément : En terme de couverture médiatique ca a été très progressif aussi. On a déjà commencé la promo sur le premier EP, il y a plus d’un an, et déjà à l’époque on trouvait ca impressionnant, mais c’est si progressif que c’est pas si violent que ca. Mes cousins trouvent ca assez violent mais moi je trouve ca normal.

Feu! Chatterton c’est aussi l’histoire d’un groupe de garçons. Comment vous vous êtes rencontrés ?

Arthur : Clément, Sébastien et moi on s’est rencontré au lycée. Eux étaient en seconde ensemble, et moi j’étais dans une autre classe. Et je les voyais gambader dans la cour de récré, insouciants, ils avaient l’air très heureux …

Antoine : Lui il était en 5ème il avait déjà redoublé 4 fois !

Arthur : Non mais vous étiez dans d’autres classes et moi j’arrivais d’un collège galère alors j’ai beaucoup travaillé en seconde, et eux avaient l’air de le vivre bien … bonne année ! Je les voyais rigoler dans la cours, un peu comme dans les séries, Hélène et les garçons, tout çà … Y’a toujours le groupe des cool. Ils ont de plus beaux sourires, y’a des filles jolies avec eux, ils sont cool, ils ont l’air de bien se marrer, ils fument des clopes … Et moi j’étais là, courbé sur mon bureau, je travaillais, je les voyais par la fenêtre de la classe … Ca c’est la seconde ! Et puis paff en première, jme retrouve à côté de Seb, et je me dis « c’est la saison 2 ! le petit courbé qui rejoins l’équipe des cool ! ». Je suis devenu pote avec Seb et on a passé pas mal de temps ensemble. Et eux avaient déjà un groupe de musique rock, ils fesaient des tremplins en concours à Paris, ils avaient joué à l’Elysée Montmartre, je trouvais ca hyper cool. On avait essayé déjà à l’époque d’écrire un peu ensemble, mettre mes textes en musique sur une chanson, mais j’étais à la ramasse au niveau du rythme, donc on a laissé ca de côté pendant un temps, mais on partageais d’autres choses on partait en vacances ensemble, on s’amusait bien. Et c’est après le lycée qu’on a commencé à faire de la musique tous ensemble. On a eu un premier projet un peu slam pendant un an, ensuite on s’est arrêté, on est allé dans la continuité de ce que fait aujourd’hui Feu! Chatterton, et puis on s’est rendu compte qu’il nous manquait un bassiste. C’est comme ca qu’on a rencontré Antoine qui était un ami d’ami. Et Raphaël qui est à la batterie.

Aujourd’hui il est assez difficile de catégoriser votre style de musique – sans doute par choix – , quelles sont vos inspirations à tous ?

Clément : C’est pas vraiment un choix. On ne s’est pas dit « on va faire un OVNI musical ». On essaye de ne jamais se répéter, mais on n’a pas de démarche d’être le plus original. Dans n’importe quel art tu as envie de faire quelque chose de nouveau, c’est sur. Après dans les influences, comme on est 5 et qu’on à tous notre mot à dire et que dans nos compos, nos arrangements, on est tous partie prenante … bah finalement il y a plein de choses qui se mélangent et se rencontrent. C’est assez cool. Antoine amène la partie electro, Seb la partie plutôt rock, moi aussi, et puis à la batterie il écoute beaucoup de jazz et de musique africaine, Arthur écoute des trucs chiants, c’est très varié ! (rires).

Arthur : Ca balaie plein de choses parce qu’on est 5, et chacun arrive à faire découvrir plein de choses tout le temps. Et quand on arrive à trouver un créneau qui soit une évidence, qui plaise à tout le monde, on sent que c’est quelque chose qu’on va pouvoir expérimenter. Ca peut être à la manière de Aphex Twin, Radiohead, en passant par LCD Soundsystem, Neil Young, Chet Baker, Miles Davis … Plein de trucs, comme du hip hop ! J’écoutais beaucoup Lunatic (ndlr : le groupe indé de Booba avec Ali, a leurs débuts), en chanson Gainsbourg, Brassens, Brel, Ferré, Bashung … Tout ca on le brasse tous ensemble, et en le partageant comme ca ca fait un peu notre musique à nous.

Qu’est ce que ca fait quand vous avez un magazine comme GQ qui vous met au rang de Jean-Jacques Rousseau ou Boris Vian ?

Clément : Boris Vian c’est cool, il est cool de toute façon. Jean-Jacques Rousseau il aime bien les fessées donc ca fait plaisir.

Arthur : Il aimait beaucoup montrer ses fesses Rousseau …

Clément : Bah oui ! C’était son petit plaisir coupable de se faire battre par sa bonne …

Arthur : Pourquoi il l’a avoué, c’est un grand mystère !?

Parce que quand il était jeune il a fait accuser sa bonne d’avoir fait une erreur, du coup elle a été condamnée à des coups de fouets et à été virée … Et il a gardé ca toute son enfance.

Arthur : Ah ouai ! Du coup il s’est fait fouetter par transfert parce que sa bonne s’est faite fouetter ? Il est un peu zarbi quand même Rousseau parce qu’il écrit l’Emile comme un code de la bonne éducation puis il abandonne ses gosses … Les mecs ne sont pas cohérents ! je préfère un mec qui ne dit rien, ne donne pas de leçon, mais agit correctement. Comme Boris Vian par exemple !

Alors, du coup, ca vous fait quoi ?

Clément : C’est assez ironique de mettre ca dans une intro. Ca nous fait rire. C’est plus rigolo de mettre ca que de mettre Gainsbourg et Bashung qui sont nos références.

Arthur : Heureusement qu’on nous compare pas vraiment a eux parce qu’on se trouverait pas à la hauteur. On est sur un chemin qui est peut être éclairé par eux très loin, mais ce qu’ils ont réussi c’est de durer, d’être toujours audacieux, de se réinventer toujours, et c’est ca qui est fort !

Aujourd’hui vous êtes en pleine tournée promo, quelle est la question que vous aimeriez bien que l’on vous pose ?

Clément : J’aimerai bien qu’on me pose la question « quelle est la question que vous aimeriez qu’on vous pose ? »

Arthur : Une mise en abime, un jeu de miroir infini !

Clément : Entre nous on parle beaucoup de technique, de matériel, alors peut être qu’un jour un journaliste lifestyle va nous demander quel micro on utilise sur nos show …

Antoine : Est ce que toi même tu le sais ?

Clément : Des micros d’origine refaits par notre luthier de Bastille.

Arthur : Bah tu vois franchement … la réponse elle vaut son petit pesant d’or ! (Rire général)

Vous avez dans vos textes et vos clips beaucoup de second degré … Qui s’occupe de votre direction artistique ?

Arthur : Nous même ! Nous sommes vraiment de trublions ! (rires) Non mais c’est nous même oui, c’est pour ca que ca nous penne toujours un petit peu quand les gens disent « vous êtes un peu triste » ou « vous êtes snobs ». Le nom du groupe est très lyrique et très grotesque. « Feu! » avec le point d’exclamation, le clip de Boeing … On aime bien quand ca balance ! Entre tendresse et cruauté, sérieux et légèreté. C’est souvent ironique ! Très très souvent.

Vous êtes 5 dans le groupe, comment vous faites pour travailler tous ensemble ?

Antoine : On se bagarre

Arthur : Tu vois Astérix ? Quand il y a un sanglier au milieu et que le poisson part loin comme ca ? Finalement le poisson part loin de la bataille et c’est un enfant qui le récupère et qui le mange très sereinement. Bah voilà nous on est dans la bataille, et on se bat pour le poisson qui est déjà mangé par un petit enfant blond et heureux. C’est la guerre.

Clément : Non mas on a tous des propositions de chacun et puis ca passe dans les canaux et à la fin ca fait quelque chose. Y’a pas de règle. Donc l’image d’Astérix est quand même assez bonne : y’a pas de règles.

Arthur : Ce qui est cool – je le précise quand même parce que je crois que c’est assez rare – c’est qu’on a vraiment la conviction que tous les 5 on fait quelque chose de mieux, donc c’est une démocratie réelle. Par exemple je ne suis pas un très grand démocrate, j’aime bien le despotisme éclairé, et c’est assez ironique que tous les jours de notre vie on fasse une expérience très concrète d’une vraie démocratie qui a un idéal commun qui permet que ca tienne. On est tous les 5 égaux dans les décisions. C’est pas parce que Raphael fait de la batterie que s’il dit « là ton texte je ne le comprend pas, il ne me touche pas » que je ne vais pas l’écouter, ca fait chier parce que tu as essayé de mettre le meilleur, mais on rebosse pour trouver encore mieux. Et ca nous emmène a beaucoup de complications et à la fin c’est plus beau.

Clément : Comme on arrive avec des idées et qu’on a tous déjà apprécié le travail personnel des autres, ca fait un truc ou on amène vraiment tous quelque chose.

Vous avez tous de l’admiration les uns pour les autres ?

Antoine : Bah pas trop pour Clément … (il rit)

Aujourd’hui vous avez la musique en premier choix mais si ce n’était pas la musique vous seriez où ? Vous auriez fais quoi ?

Antoine : Menuisier, charpentier, faire des maisons …

Arthur : Clément est linguiste, il adore apprendre des langues. Il apprend le persan en ce moment …

Clément : Et toi ? Epicier ?

Arthur : Ah j’aime bien les épiciers. Non un métier d’artisanat, Pizzaïolo, Joailler. Tailler des pierres j’aime bien. Antoine a échappé a un métier de vendeur de boulons, a une époque il devait aller a Istanbul étudier les boulons.

Antoine : Vendre des tuyau, j’ai pas fait. C’était ca ou Feu! Chatterton. C’était un pari ! Au début tout le monde s’en foutait de ce qu’on faisait.

Avec qui vous rêveriez de travailler un jour dans la musique ?

Arthur : Le réalisateur de Tom Waits, j’ai oublié son nom. J’adore travailler avec Samy Osta, qui est le réalisateur de notre premier EP et de notre album, mais le mec qui mixe les albums de Tom Waits j’aimerai bien. Sinon un orchestre arabe avec de la mandoline. Et Aznavour parce que c’est un grand.

Qu’est ce qu’on peut vous souhaiter nous aujourd’hui ?

Clément : De faire ca pendant longtemps !

Arthur : Et d’avoir toujours des trucs à raconter !

L’album de Feu! Chatterton « Ici le jour » est disponible sur Itunes et à la FNAC, entre autres joyeux lieux de culture.
Propos recueillis par Sarah Taibi.

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